Ce dimanche 11 juin, la maison Osenat, à Versailles, mettait en vente une pièce spéciale : une lettre trouvée sur Charlotte Corday, juste après la mort du révolutionnaire Jean-Paul Marat. Dans cette lettre datée du 15 juillet 1793, elle explique l'assassinat qu'elle vient de commettre.
Ce document de trois pages, intitulé “Adresse aux Français amis des loix et de la paix”, est présenté par la maison de vente comme « le testament politique qu'elle écrivit la veille de son acte meurtrier ». Ce document a été trouvé sur Charlotte Corday, lors de sa fouille à son arrivée en prison. La jeune femme y déplore le dévoiement des idéaux révolutionnaires, auxquels elle avait adhéré, et la brutalité du pouvoir. Marat en est pour elle un symbole, qu’elle qualifie de « plus vil des scélérats, […] dont le nom seul présente l’image de tous les crimes ».
À la suite de son acte, Charlotte Corday sera arrêtée, emprisonnée, condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire et guillotinée le 17 juillet 1793.
215 000 euros la lettre
Ce lot, qui était estimé entre 80 000 et 100 000 euros, est vendu « sous réserve d'obtention d'une décision définitive concernant le statut de ce manuscrit. En attendant, le document reste sous séquestre dans le coffre de notre étude », précise Osenat. À l’issue de la séance, le prix final dépasse largement les estimations du commissaire-priseur. La région Normandie a fait l'acquisition de cette lettre, pour la modique somme de 215 000 euros.
Le président de la région Normandie, Hervé Morin, son homologue du département du Calvados Jean-Léonce Dupont et le maire de Caen, Joël Bruneau, se sont félicités de leur acquisition. « Cette Normande originaire de Caen, haut lieu du Girondisme sous la Révolution Française, avait débarqué à Paris en juillet 1793 dans l’optique d’assassiner Marat», rappellent les trois dirigeants normands dans un communiqué commun. «230 ans plus tard, cette pièce majeure de l’histoire de la Révolution et de la lutte contre la Terreur va retrouver sa terre d’origine, la Normandie », concluent-ils.