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Thierry Trevalinet, Frédéric Prost, Michel Jonquères : “Nous devons travailler collectif“

Michel Jonquères, président du Medef Val-d’Oise, Frédéric Prost, président du Medef Essonne et Thierry Trevalinet, président du Medef Yvelines, sont revenus sur leurs thèmes de cœur, en marge de la Rencontre des entrepreneurs de France.

Économie Publié le , Propos recueillis par Jean-Paul Viart

Du recrutement à la réindustrialisation, en passant par l’insertion professionnelle et la nécessité de “travailler collectif“, les trois patrons ont livré, lors de la REF organisée à l'hippodrome de Paris Longchamp, leur sentiment sur la période qui s’ouvre.

La Semaine de l’Île-de-France : Quels sont les enjeux de la rentrée ?

Thierry Trevalinet : pour aborder les grands enjeux, j'ai réuni tous les clubs des grandes entreprises des Yvelines, parmi lesquels Safran, Renault, Stellantis et puis bien d'autres. Le grand enjeu de la rentrée, ça va être le recrutement. Aujourd'hui, on manque cruellement de compétences, pour accompagner tous ces domaines de l'innovation et des nouvelles technologies, que ce soit dans le domaine de l'électronique, dans le domaine des batteries, dans le domaine de l'électrification ou tout autre technologie liée aux nouvelles mobilités.

L'autre enjeu, c'est évidemment de ne pas entraver le développement de toutes ces entreprises qui veulent faire quelque chose dans le domaine de l’innovation, par des règlements d'orientation qui seraient complètement hors sol. Ce qui a été dit en introduction par Patrick Martin, on peut le relayer très facilement au niveau des territoires.

Frédéric Prost : En ce qui me concerne, dans l'Essonne, nous partageons ces préoccupations, et, entre autres, celles qui ont été annoncées par Patrick Martin. Il est évident que nous ne devons pas complexifier à loisir la marge de manœuvre des entrepreneurs. C'est un fait. J'insisterais beaucoup plus sur un autre phénomène. Il semblerait, et la Première ministre l'a plus ou moins dit, que le Gouvernement soit favorable à l'activité économique. La grosse difficulté que nous rencontrons, c'est que cette politique se concentre principalement, comme dirait d'ailleurs Nicolas Dufourcq (le directeur général de BPIFrance, NDLR) sur “des grandes cathédrales industrielles dans le pays“, c'est-à-dire les grands secteurs d'activité. Mais il ne faut pas que ces cathédrales prêchent dans le désert. Et ma préoccupation première aujourd'hui, c'est que ça inonde et que ça irrigue le tissu économique et le tissu industriel local et national. Parce qu'aujourd'hui, on s'aperçoit que tous les développements de ces grandes filières se font au travers de produits, de matières et parfois de compétences - voire même d'innovations - qui viennent en dehors du territoire, pour ne pas dire de lieux assez lointains.

Il faut absolument que cette politique volontaire, souhaitable, et favorable remplisse complètement son rôle en permettant et en associant le tissu économique local et national. C'est fondamental, parce que la création de richesses que l'on peut obtenir sur notre territoire n'est pas uniquement le fruit de l’activité des grands groupes - qui ont un rôle très important de leader à jouer -. Ce rôle de leader n’a de l'intérêt que si, justement, ils le partagent et ils font contribuer les entreprises, petites, moyennes et intermédiaires, comme les ETI. Et il est très clair qu’on n'arrivera pas à s'en sortir uniquement avec quelques grands groupes, que l'on a déjà, d'ailleurs. On s'aperçoit que ce n'est pas ce qui a permis de dynamiser et de conserver notre tissu industriel et de la création de richesse. C'est un point fondamental auquel je suis très attaché. Et effectivement, les moyens sont à définir au travers des politiques, des actions que peut faire le Medef ou au travers des actions que les entreprises elles-mêmes peuvent réaliser. Je pense qu'il faut associer l'ensemble du tissu économique.

Michel Jonquères : Pour compléter ce qu'ont dit mes deux collègues, d'abord au niveau des métiers en tension, nous avons pris en main le problème. Nous mettons en relation les entreprises qui ont des besoins dans tous les domaines, que ce soit celui de l'innovation, de l'opérationnel ou des fonctions support. Nous mettons en relation les entreprises avec les bénéficiaires de RSA. L'année dernière, nous avons travaillé avec 1 000 d'entre eux et nous en avons placé quelque 150 (qui voulaient travailler) pour les entreprises, qui se sont montrées très satisfaites. Cela, c'est une bonne chose.

D'un autre côté, au niveau du développement économique, je crois que le grand problème de la France et de tous nos départements - même si en Val-d'Oise, nous avons un développement export plus important que les autres - c'est le fait qu'il n'y a pas beaucoup d'entreprises, de petites entreprises qui vont à l'international. En France, nous avons moins de 4 % d'entreprises qui se développent à l'international. Le ministre du Commerce extérieur, Olivier Becht, a sorti un grand plan. J'espère que ce sera une bonne chose, pour développer à l'international, sachant qu'en France, ce ne sont pas les aides qui manquent, c'est l'envie. Nous avons donc le devoir de sensibiliser les entreprises, quels que soient leurs produits, au développement à l’international. Il y a beaucoup de PME et de TPE, en Val-d'Oise et ailleurs, qui sont tout à fait capables de le faire et il ne faut pas qu'elles aient peur. En Val-d'Oise, un des grands sujets de développement au niveau écologique et énergétique, c'est l'hydrogène. Nous avons Roissy, qui est la porte d'entrée du monde en France. Nous avons un grand projet de fabrication d’hydrogène vert, de stockage et de distribution, surtout pour les avions.

Nous allons faire une conférence au mois de septembre pour développer tout ça et je crois que nous allons réussir. Le Val-d'Oise est doté d’une assise académique importante, puisque nous avons quelque 50 000 étudiants, avec une université et 20 grandes écoles. Au niveau aide pour les entreprises, nous sommes donc bien pourvus pour développer les grands sujets, à savoir l'aéronautique, la logistique, le cosmétique – le Val-d’Oise est le département de la cosmétique - et tout ce qui concerne la sécurité. Nous avons donc de grands sujets qui nous permettent d'avoir foi en l'avenir. Et tous nos adhérents sont assez confiants dans leur capacité à se développer, malgré les difficultés, malgré les contraintes.


Quel message souhaiteriez-vous adresser à vos adhérents, en quelques mots ?

M.J. : Le message, c'est : vous avez un produit, prenez le monde comme champ d'action. Vous allez croître, vous allez doubler votre croissance, vous allez augmenter votre rentabilité, vous allez être plus innovants que les autres - parce que vous allez en tirer de nouvelles idées -, et vous allez conserver votre personnel compétent parce que vous allez vous développer et donner des carrières plus intéressantes à votre personnel qui restera avec vous et vous allez en attirer d'autres pour une croissance de votre programme. Donnez-vous le monde comme champ d’action.

F.P. : En ce qui concerne l'Essonne – mais le message peut être valable sur l'ensemble du territoire -, je dirais “ne restons pas seuls“. Je crois beaucoup à la synergie collective. Je pense que justement, l’un des rôles du Medef - et c'est dans cette direction que je consacre une partie de mon temps au Medef -, mon entreprise exporte 25 % en Chine, un petit peu en Allemagne - bien que ça soit une petite structure -. Et je crois qu'on peut y arriver que si on travaille collectif, c'est-à-dire qu'il faut s'associer à d'autres entreprises pour partager des compétences, des valeurs et des capacités aussi bien en matière technique, que sur les aspects production et développement. Et à ce moment- là, on est beaucoup plus forts pour aller au-devant de la concurrence internationale et conquérir, comme Michel Jonquères viens de le dire, des marchés et de nouvelles affaires. Donc à l’instar de la campagne du Medef national intitulée “avec le Medef, vous n’êtes jamais seul -, je dirais : “ne restez pas seul“. À plusieurs et en groupe, on est beaucoup plus fort qu'isolé et fragile.

T.T. : Beaucoup de choses qui ont été dites et ce n'est pas vraiment différent en ce qui concerne les Yvelines. Je dirais qu'il faut avoir confiance en l'avenir et qu’il faut privilégier les circuits-courts entre grands groupes et PME-ETI. On doit pouvoir travailler en meute, on doit pouvoir travailler collectif et on doit pouvoir avoir confiance dans l'avenir avec tout tous les supports proposés par le Medef, mais aussi par tous les organismes paritaires. On a l'avenir devant nous et on doit pouvoir savoir prendre les risques qu'il faut pour aller de l'avant.

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