La Semaine de l'Île-de-France : Pourriez-vous revenir sur l’accueil des JOP à SQY ?
Laurent Mazaury : Nous avons quatre sites à Saint-Quentin-en-Yvelines et nous accueillerons cinq épreuves au total. Le Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui accueillera les épreuves de cyclisme sur piste. Le Stadium de BMX de SQY, qui accueillera les épreuves de BMX. Le Golf national de SQY, qui accueillera les épreuves évidemment des Jeux olympiques, mais qui a également accueilli la Ryder Cup en 2018, le cinquième événement le plus retransmis sur la planète. Enfin, la Colline d’Élancourt, qui accueillera les épreuves de VTT. Et une épreuve très importante que personne ne cite jamais, à savoir les épreuves de cyclisme sur route. Hommes et femmes traverseront la totalité du territoire : ils passeront traditionnellement, un peu comme lors du Tour de France, dans la vallée de Chevreuse, avant de traverser l'ensemble des sites de Saint-Quentin-de-Yvelines. Ils passeront y compris devant le Vélodrome.
Pourquoi un test event a-t-il été organisé sur la Colline d’Élancourt ?
Nous avons réalisé un test event parce que la Colline d’Élancourt est le seul site que l'on crée. Tous les autres sites sont déjà existants. Le Vélodrome avait été initialement programmé dans le cadre de la candidature de Paris aux JO de 2012. C’est le seul bâtiment qui avait été construit en France pour cela. Pour la Colline d’Élancourt, nous partons de rien. Enfin, ce n’est pas tout à fait exact. Nous partons d’une colline qui est déjà préexistante. Elle est constituée d’un ensemble de remblais et non pas d’ordures. Ce sont des déblais de construction, des terres qui ont été excavées pour construire une partie de la ville nouvelle. De la nature s’y est développée. Nous organisions notamment des courses de VTT amateurs.
Le 20 décembre 2020, Paris 2024 a officialisé le site pour accueillir les épreuves de VTT. Nous n’avions donc pas d’expérience sur la colline et Paris 2024 l’a choisie pour y faire un test. Il était à la fois question de tester le site lui-même, mais également d'éprouver un ensemble de prestations que Paris 2024 devra réaliser, y compris sur d'autres sites. Je pense notamment à la billetterie, aux files, ou encore à la sécurité, un élément très important. Cet exercice a vu concourir les plus grands vététistes mondiaux. Ils sont venus, en même temps, en repérage, évidemment, pour leurs équipes nationales. La France a remporté l’épreuve hommes et femmes, avec Loana Lecomte et Victor Koretzsky.
Quelles conclusions tirez-vous de ce test ? Avez-vous eu le temps de débriefer ?
C’est en cours, mais nous tirons déjà beaucoup de conclusions évidentes d'usage sur l’ensemble des éléments que j’évoquais. Il faut bien différencier deux niveaux. À l'intérieur du périmètre du site, c'est Paris 2024 qui est à la manœuvre. Nous, nous gérons, avec Île-de-France Mobilités, la mobilité à l'extérieur du périmètre du site. Nous sommes en responsabilité de faire en sorte que tout se passe bien autour de la colline. Et puis, nous sommes l'œil (positivement) critique de ce qui se passe à l'intérieur, puisque nous sommes le propriétaire de cette colline que nous avons prêtée temporairement à Paris 2024 et à son aménageur qui est la Solideo, pour y réaliser les travaux (avant les JOP et pour l’héritage ensuite).
Donc, on a fait une liste, qui est en train d'être finalisée pour être présentée en préfecture sous peu. Elle relève les différents points d'amélioration potentielle. Il y en a des tout simples à l'extérieur, liés aux transports. Idéologiquement, je pèse mes mots, Paris 2024 a choisi d’écarter la voiture comme mode de transport pour les spectateurs et les sportifs, pour leur préférer les transports en commun (pour les sportifs, ce n'est pas tout à fait exact, ils auront accès à des trajets spécifiques).
Mais tous les spectateurs sont supposés venir en transport en commun ou via des circulations douces, essentiellement le vélo. Donc, il n'y a pas de parking. Dans la pratique, des personnes viennent malgré tout en voiture et il faut pouvoir les gérer. Nous avons mis en place un certain nombre d'éléments de parking “secondaires” pour gérer des flux qui viendraient en voiture.
Sur les transports en commun proprement dits, nous avons noté également des points d'amélioration sur le tracé et la fréquence des navettes, ainsi que sur la signalétique pour y accéder. Tous ces points-là ont été notés et seront adressés à Île-de-France Mobilités.
Encore une fois, c’était un test. Il faut savoir que ce week-end, nous avons accueilli 3 500 personnes. Au moment des épreuves, nous en aurons jusqu'à 15 000 (2700 assises, 12300 debout). Les proportions ne sont pas les mêmes.
Je pense aussi à la taille du parking vélo. Nous avions prévu 300 places, mais le parking s’est rempli très rapidement avec 600 vélos. Ce sera encore une autre paire de manches avec 15 000 spectateurs, sachant que le test était ouvert essentiellement à des locaux et des accrédités de Paris 2024. Il faudra aussi gérer la question des casques notamment.
Quels sont les points d’amélioration pour l’intérieur du site ?
À l'intérieur du site, nous avons fait un travail important en disposant un certain nombre d'utilisateurs secrets, des élus mélangés à la foule, pour vérifier comment cela se passe. Nous avons repéré des petites problématiques, par exemple de circulation. Pour ce qui est de la piste, il n’y a pas de problème. Elle a été validée par Pauline Ferrand-Prévot la veille du test.
Concernant les circulations piétonnes autour, comme il s’agit d’une colline, il y a des endroits qui rencontrent des problématiques de croisement de flux. Personne ne va se tuer dans la pente, mais il faut faire attention aux phénomènes de bousculade. C’est pourquoi il va y avoir des travaux. C’est aussi à cela que sert le test, à élargir ces parties, mais aussi les plateaux où les spectateurs sont positionnés.
Nous avons, par ailleurs, relevé des problématiques de drainage en bas de la course.
Il y a encore d’autres détails, dont un qui me tient à cœur en tant qu’élu local. Encore une fois, il ne s’agit pas de la responsabilité de SQY ni des élus. Pour le coup, c’est bien la responsabilité de Paris 2024 à 100 %. Je suis un peu déçu de la partie “catering”, c’est-à-dire la nourriture. Nous sommes en France, pays de la gastronomie. Avoir le choix entre un hamburger et du Coca Cola…
Mes images des fêtes du vélo, quand ce sport connaissait ses heures de gloire sur piste, c’est un moment festif et familial, durant lequel on trouvait des restaurations de tous niveaux.
On peut imaginer que c’est une question de sponsors…
Oui, bien sûr. Paris 2024 est coincé avec ces problématiques de sponsors, mais je donne ma vision d'élu. Je dis que pour ma population, c'est un peu dommage de ne pas en profiter pour montrer au reste du monde la qualité de la restauration française, y compris au VTT. Je le dirai bien sûr à Paris 2024, très prochainement.
Combien de spectateurs allez-vous accueillir au global ?
Nous nous attendons à recevoir 200 000 à 240 000 spectateurs, 300 000 au total pointe haute, sur la durée des JOP, lors des épreuves. Il faut ajouter à cela que nous serons la seule commune à avoir un aussi grand périmètre de Club Paris 2024. C’est l’équivalent des fan zones pour le football. Nous aurons la plus importante d’Île-de-France après Paris. Elle sera située sur l’Île-de-loisirs de SQY, gérée par la Région, mais pilotée par l’agglo. Il s’agit à peu de choses près du cinquième site des JOP. Nous pensons recevoir entre 6000 et 12 000 personnes par jour, suivant les conditions de sécurité qui vont être établies dans les jours à venir.
Ce lieu permettra à tous ceux qui n’ont pas de billet de participer à la fête, avec des écrans géants qui retransmettrons toutes les épreuves. Nous sommes également en train de nouer un partenariat pour faire également de cette fan zone un démonstrateur du savoir-faire des entreprises locales. Pour le coup, nous pourrons y aller sur la restauration de qualité, avec des produits locaux.
Et puis, il y aura en permanence une animation culturelle qui sera proposée dans le cadre des JO, avec des têtes d'affiche qui viendront chanter sur scène, etc.
Sur l'héritage qu'est-ce que vous allez faire ?
Sur l'ensemble des autres sites déjà existants, on a déjà l'héritage puisque nous les utilisons au quotidien. En revanche, la colline représente un réel enjeu d'aménagement public. C'est le grand intérêt pour SQY, pour le coup, en dehors de l'image et de tout ce qu'on peut penser de l'attractivité du territoire, c'est l'héritage. Cette colline sera destinée à être ouverte au public pour une double utilisation. La promenade de l'ensemble des habitants et le VTT. A partir du mois de septembre-octobre 2024, la Solidéo reprend la gestion du site pour un an de travaux. Cela comprend notamment 3 millions d'euros de replantations, de compensation écologique, pour rendre le site à la population. Des sentiers piétons vont être aménagés, ainsi qu’un point panoramique au sommet. A terme, la colline sera encore plus verte et encore plus facile d’accès. La piste de VTT deviendra une piste noire, à laquelle s’ajouteront d’autres pistes selon les niveaux, comme pour le ski.
Les JOP auront donc été un réel accélérateur dans la réalisation de ces travaux dédiés au public, au-delà des jours d’épreuve.