Après quatre ans de travaux, la station de dépollution de Bonneuil-en-France est méconnaissable. "Elle est plus grande et beaucoup plus moderne", introduit Eric Chanal, directeur du Syndicat intercommunal pour l’aménagement hydraulique des vallées du Croult et du Petit Rosne (SIAH). En effet, l’équipement peut aujourd’hui traiter les eaux usées de 500 000 habitants, contre 300 000 auparavant, et tend vers l’autosuffisance énergétique.
À noter que durant la durée des travaux, la station de dépollution est restée active. Un véritable défi, puisqu’au plus fort du chantier, il y avait jusqu’à 300 ouvriers sur le site. "De plus, nous avons décidé de réutiliser le maximum d’ouvrages et d’équipements déjà existants, afin de limiter notre consommation de matières premières. C’est pourquoi nous devions bien réfléchir aux étapes du chantier", explique le Directeur du SIAH.
Production d’énergies renouvelables
Du point de vue du traitement de l’eau, les dernières technologies ont pu être mises en place afin d’avoir un outil de traitement à la fois performant, adaptable aux contraintes foncières du site et aux futures évolutions réglementaires. Mais le syndicat intercommunal a aussi inclus un volet concernant la valorisation énergétique et la production d’énergies renouvelables. "Nous valorisons désormais nos boues en produisant du gaz vert. Ce biométhane produit, nous l’injectons dans le réseau GRDF, cela nous rapporte un million d’euros par an", affirme Eric Chanal. De quoi réduire les coûts de fonctionnement de la station qui sont de l’ordre de 7 millions d’euros par an et alléger les factures des habitants.
Avec cet équipement, le SIAH va encore plus loin. Les calories des eaux usées traitées sont récupérées afin de chauffer le siège administratif du Syndicat intercommunal pour l’aménagement hydraulique. Elles alimenteront, plus tard, le réseau de chaleur de la ville de Garges-lès-Gonesse (équivalent 9 000 logements). "Le réseau de la ville sera alimenté à 70 % par de la géothermie et à 30 % par les calories de la station", témoigne Eric Chanal. De plus, des panneaux photovoltaïques vont être installés sur les toits de la station de dépollution. "Ils couvriront 10 % de la consommation totale de la station", chiffre Eric Chanal. L’équipement se veut vertueux sur tous les plans.
Un investissement de 217 millions d’euros TTC
L’agrandissement et la modernisation de l’ouvrage ont coûté 217 millions d’euros TTC. "Nous avons été soutenus par l’Agence de l’eau, qui nous a octroyé 62 millions d’euros d’apports et de prêts à taux zéro. Par l’Ademe, qui a participé à hauteur de 30 000 euros sur le volet biogaz. Et nous avons fait un emprunt de 16 millions d’euros à la Banque européenne d’investissement", liste Eric Chanal. Le reste étant des fonds propres du SIAH.
Afin de ne pas faire bondir la redevance assainissement d’un coup, le SIAH a procédé à une augmentation de cinq centimes par an, et ce, depuis dix ans. "Ce projet, nous l’avions en tête depuis dix ans, alors, nous avons fait notre possible pour qu’il se réalise, sans briser la confiance qui règne entre nous et les usagers", conclut le directeur du SIAH. La station de dépollution, qui a fait peau neuve, est désormais entrée dans sa phase d’observation.