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Jean-Marie Vilain, maire de Viry-Châtillon : L'Essonne et le Val-de-Marne, « les grands oubliés de ces Jeux olympiques »

Le maire de Viry-Châtillon revient sur les émeutes, l’échange des maires avec Emmanuel Macron et évoque les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
Le maire de Viry-Châtillon a évoqué sans détour les Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024, mais aussi les émeutes et les dernières difficultés des élus.
© SIDF - Le maire de Viry-Châtillon a évoqué sans détour les Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024, mais aussi les émeutes et les dernières difficultés des élus.

Économie Publié le ,

Jean-Marie Vilain est maire de Viry-Châtillon depuis 2014. Aussi conseiller régional d’Île-de-France, il dresse un état des lieux des émeutes, évoque l’échange des maires avec le président de la République et commente les violences vis-à-vis des élus. Vice-président délégué au patrimoine sportif au sein du Conseil territorial de l’EPT12 Grand-Orly Seine Bièvres, il revient également sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, regrettant que l’Essonne soit oubliée…

La Semaine de l'Ile-de-France : Comment se sont déroulées les émeutes à Viry-Châtillon ? Où en est la situation ?

Jean-Marie Vilain : La situation est très calme. Il n'y a quasiment plus rien depuis 72 heures (mardi 4 juillet, NDLR). Ça s'est passé un peu comme partout. Rien de très original à Viry-Châtillon, avec un premier bus incendié au carrefour du Fournil, suivi dans la nuit de quelques feux de poubelle. Le lendemain, on a eu une deuxième attaque de bus, ça s'est calmé pendant environ deux heures et c'est reparti juste après, au moment où on essayait de dégager le bus, avec plusieurs affrontements contre les forces de l'ordre et des dégradations de poubelle, essentiellement. Les deux jours suivants, même chose. Plusieurs véhicules ont été brûlés, dont deux semi-remorques. Il doit y avoir quatre ou cinq camions endommagés sur la D445. Je dirais huit à dix véhicules brûlés aussi dans le quartier, en particulier sur l'avenue Jean Mermoz, place François Mitterrand, avenue Jean Moulin et plusieurs feux de poubelles sur l'avenue de Provence, au Coteau de l'Orge et sur l'avenue de Flandres.

Au moins six boutiques ont été dévalisées, cassées. Le distributeur automatique de billets, mis en place aux frais de la Ville, place François Mitterrand, a aussi été attaqué. L'argent n'a pas été volé, ils n'ont pas réussi à le forcer. Depuis, l'argent a été enlevé, mais le distributeur endommagé va nécessiter de lourdes réparations.

Vous vous êtes rendu à l’Élysée à l’invitation du président de la République. Quelles ont été vos revendications ?

Je n'ai pas vraiment de revendications. J’ai échangé sur plusieurs sujets qui ont ensuite été évoqués, en particulier cette volonté de faire entrer, à tout prix, les enfants de deux ans à l'école maternelle, là où on sait qu'on a déjà des problèmes. Je ne dis pas que le principe soit mauvais, mais depuis la pandémie de Covid, les enfants qui entrent à l'école sont de moins en moins propres, ce qui nécessite un travail phénoménal des Atsem (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles, NDLR) et de tous les personnels d’encadrement. Donc si on prend les enfants à partir de deux ans, le travail va être bien évidemment plus important. Il va falloir plus de personnel, plus d'Atsem. La commune va donc devoir payer. Comment faire ? C'est un détail parmi tous les problèmes que nous affrontons.

Que vous a répondu Emmanuel Macron ?

Il n'a pas répondu. Il nous a invités pour écouter, pas vraiment pour apporter des réponses concrètes. Des solutions rapides ont été données sur les dégradations elles-mêmes, sur les financements nécessaires, les 20 millions d'euros euros prévus pour les caméras et d'autres financements, débloqués pour les bâtiments publics et pour la voirie.
La voirie est aussi un sujet, notamment avec toutes les poubelles brûlées. Nous avons fait le bilan de l'ensemble des voiries abîmées. C'est quelque chose d'assez colossal qui va, bien évidemment, coûter de l'argent aux collectivités. Le message que nous avons fait passer au Président, c'est que nous en avons assez d’assumer des compétences supplémentaires qui ne sont pas suivies d'effet en termes de financements.
La taxe d'habitation a été effectivement supprimée et compensée, mais le nombre d'habitants évolue et cette évolution n’est pas prise en compte. Le financement que perçoit la commune a été fixé il y a trois ou quatre ans, sans prendre en compte l'inflation et les augmentations phénoménales de l’énergie, en particulier ces deux dernières années. L’indemnité est toujours fixée sur le même nombre d'habitants. Donc, c'est compliqué.

Les élus se retrouvent de plus en plus ciblés par la violence, comment l’expliquez-vous ? Que faudrait-il mettre en place pour changer les choses ?

On l'explique tout simplement par un manque de respect de l'autorité et par un délitement de cette autorité. Il n’y a pas que les élus qui sont ciblés. Il y a aussi les pompiers. Quand ils sont caillassés, on voit bien qu'il n'y a absolument plus aucun respect pour ces femmes et ces hommes qui viennent vous sauver la vie. Il faudrait un jour qu'on m'explique. Je suis convaincu qu’il y a un abandon du travail d’éducation que doit prendre en charge les parents. Le respect en fait partie.
Du coup, on ne respecte pas les pompiers, on ne respecte pas les médecins quand ils viennent nous soigner et on ne respecte plus du tout les policiers. Quand il y a un problème, il faut le régler avec toute la rigueur requise mais, en attendant, il y a 99,9 % des policiers qui se battent pour assurer la sécurité des Français. Je ne comprends pas ces comportements. Comme il n'y a plus de respect pour les policiers, pourquoi y en aurait-il pour les élus ? Il n'y a plus aucun respect pour personne. Le maire est en permanence au contact des habitants. Pour certains, il doit pouvoir régler tous les problèmes. Il est surtout responsable de tout…
Voilà un exemple de la manière dont les gens perçoivent les élus. Je participais à un repas de quartier, devant ma maison, et là, je reçois un message par Messenger "Monsieur le maire, on fait notre repas de quartier, il y a des moustiques". Je leur fais un selfie pour leur montrer que, nous aussi, nous avions des moustiques. Vous rendez-vous compte ? On nous interpelle parce que les gens ont des moustiques chez eux !

Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 approchent à grands pas. Tony Estanguet a parlé, à l’Amif, d’un héritage matériel et immatériel. Qu’en est-il en Essonne ?

Tout d’abord, Tony Estanguet aurait pu imaginer que la région parisienne ne s'arrête pas au périphérique. Donc c'est facile maintenant de venir nous demander des tas de choses, alors qu’en fait, nous sommes complètement exclus des Jeux olympiques et paralympiques. J'ai beaucoup de respect pour Tony Estanguet qui a donné une image phénoménale de la France. On parlait précédemment de respect, de valeurs... Il continue à les représenter. Il fait sûrement un boulot remarquable pour les Jeux. Mais moi qui suis un passionné de sport, j'ai une grosse frustration : l’Essonne et le Val-de-Marne ne comptent pas du tout dans ces Jeux. Pourtant c’est quand même à Viry Châtillon que s’entraînait Ladji Doucouré, le premier Français de toute l'Histoire du sport à être double champion du monde d'athlétisme. Nous ne sommes pas considérés.

L’Essonne et le Val-de-Marne ne sont pas concernés par les JOP Paris 2024 ?

Les Jeux olympiques et paralympiques ne sont pas présents sur notre territoire. Alors oui, on se bat. Moi, j'ai un gymnase qui a été déclaré pouvant éventuellement accueillir une équipe de basket ou de para-basket pendant la période pré olympique. Nous investissons un peu plus de 2,5 millions d'euros pour rénover notre piste d'athlétisme, avec huit couloirs et tous les équipements nécessaires pour accueillir des compétitions internationales. Elle sera disponible en septembre et pourrait, potentiellement, accueillir aussi une équipe, avant les Jeux. Dans les écoles et dans le périscolaire, nous avons tout un volet consacré aux Jeux. Je veux que les gens sachent que l'ADN de Viry, c'est aussi le sport. Nous avons des équipements sportifs très importants. Les Jeux auraient pu être organisés différemment, en prenant plus en compte les territoires. Avec le président Michel Leprêtre – EPT Grand-Orly Seine bièvre –, nous sommes les grands oubliés de ces Jeux olympiques et paralympiques. Alors maintenant, on nous demande effectivement, de participer et de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Pour autant, au départ, on aurait pu réfléchir et se dire : Non, il n'y a pas que le Nord de Paris, il n'y a pas que la Seine-Saint-Denis ou le Val-d’Oise. Il y a aussi l'Essonne et le Val-de-Marne.

Le label Terre de jeux est un lot de consolation finalement ?

Oui, mais c'est un tout petit lot de consolation. On a vraiment des équipements sportifs de qualité dans le département. Je pense au stade Robert-Bobin, à Bondoufle, à celui de Montgeron, aussi. Nous allons avoir un stade magnifique à Viry. Je ne comprends pas que nous ayons été associés aussi tardivement. Donc on va faire ce qu’il faut, parce qu'il faut le faire, je pense que c'est important. Il faut que les gens puissent participer d'une certaine façon à ces Jeux olympiques et paralympiques. D’ailleurs quand on voit les prix des billets… Heureusement que la métropole du Grand Paris nous fait une proposition pour les jeunes. A priori, on devrait pouvoir bénéficier de quelques places. Tant mieux pour eux, mais c'est un peu compliqué.

Vous allez quand même mettre en place des écrans ? Une fan zone ?

Non. Je sais que Valérie Pécresse, dont je fais partie du groupe à la Région, a souhaité que ce genre de choses soient faites. Autant on l'a fait à chaque fois lors des événements importants, on le fera très certainement pour la Coupe du monde de football féminine, mais aussi pour la Coupe du monde de rugby. Autant pour les Jeux olympiques, à mon sens, c'est une autre démarche. Regrouper des gens pour une compétition de natation, par exemple, c’est un peu différent. Les gens regardent la télé assez facilement. Néanmoins, sur une grande finale de basket, de football, de handball ou de rugby, ça pourrait se faire...

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