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Commissariat aux comptes : “Nous vivons un moment historique”, selon Yannick Ollivier

Intervenu lors de la Journée institutionnelle de la CRCC de Versailles et du Centre, le président de la CNCC a assuré que la profession vivait aujourd’hui un moment historique.
Philippe Vincent, président de la CRCC, et Eric Baudrier, directeur général du H3C.
AP - Philippe Vincent, président de la CRCC, et Eric Baudrier, directeur général du H3C.

Économie Publié le ,

La journée institutionnelle de la CRCC de Versailles et du Centre était organisée cette année au Campus Sup’Expertise, l’école supérieure de l’expertise-comptable, de l’audit, et du conseil. L’occasion de mettre en lumière des locaux flambants neufs, fruit d’un projet partenarial auquel s’est joint la CRCC de V&C il y a tout juste un an. Après une première partie de journée dédiée à la formation, Philippe Vincent, président de la CRCC de Versailles et du Centre, a lancé la partie institutionnelle.

Votre présence marque le dynamisme retrouvé de notre profession, maintenant que notre rôle central de garant de la confiance dans l’économie est pleinement rétabli”, a-t-il souligné, à l’adresse des plus de 100 participants, avant de remercier chaleureusement son prédécesseur, Florent Burtin, pour son action à la tête de la CRCC de Versailles et du Centre.

Il faut dire qu’avec près de 2 320 inscrits (personnes physiques et morales), 3 000 milliards d’euros de chiffre d’affaires audité, et 1,2 milliard d’euros d’honoraires engrangés (soit près de 44 % de la base nationale), la CRCC de V&C est “une très grosse machine”. Aussi, Philippe Vincent n’a pas manqué de remercier les élus et permanentes pour leur engagement.

Yannick Ollivier, président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC), invité ensuite à prononcer une allocution, a assuré que les CAC vivaient aujourd’hui un moment historique. “La profession s’est battue pour expliquer qu’elle n’était pas une profession du chiffre, mais bien une profession du droit et qu’elle avait toute légitimité pour donner de la confiance sur les informations, quelles qu’elles soient, et pas uniquement financières”, a-t-il souligné.

La transposition de la directive CSRD

Sur les aspects non-financiers justement, les professionnels ont été surpris de la vitesse avec laquelle les choses se sont précipitées concernant la transposition de la directive CSRD, sur le reporting de durabilité des entreprises.

Pour rappel, ce texte européen, “imposera aux plus grandes entreprises de publier, à partir de 2025, au titre de l’exercice 2024, des informations en matière de durabilité portant sur les sujets environnementaux, sociaux et de gouvernance”.

Le texte, qui doit être transposé en droit françaisau plus tard le 9 décembre, prévoit que ces informations extra-financières seront soumises au contrôle indépendant d’un tiers externe. Comme l’explique le Haut conseil du commissariat aux comptes (H3C), ce tiers externe “peut être un commissaire aux comptes, ou un prestataire de services d’assurance indépendant (PSAI), le choix du contrôleur étant laissé à la discrétion de l’entreprise”. Il sera chargé, dans un premier temps, d’une mission d’assurance limitée.

Dans ce cadre, la profession s’attache actuellement à proposer des ajustements au texte. Selon Yannick Ollivier, pour l’heure, le texte “confirme bien que ce sont les CAC - même s’il y aura également les PSAI - qui prendront massivement le marché ”. Il ne sera pas nécessaire, pour les professionnels, de passer par le Cofrac (Comité français d’accréditation). “C’était essentiel, afin de permettre à un maximum de CAC d’accéder à la durabilité”, a expliqué Yannick Ollivier.

Pour le président de la CNCC, un commissaire aux comptes “ne peut plus, aujourd’hui, aborder sa mission sans avoir les connaissances a minima sur les enjeux financiers, les enjeux de durabilité, ou encore les enjeux numériques”.

©AP. Les participants à la journée institutionnelle de la CRCC de Versailles et du Centre.

Le challenge de la compétence

Si Yannick Ollivier a utilisé l’expression “moment historique” pour qualifier la période actuelle, c’est aussi en raison d’un autre défi qui découle du premier, à savoir celui des compétences. Il faudra notamment que chaque cabinet, quelle que soit sa taille, puisse se doter des ressources nécessaires pour mener à bien ses nouvelles missions. “Il va falloir créer les conditions de l’accès à cette compétence et faire en sorte que demain, nous accueillons des auditeurs issus d’autres domaines que ceux de la finance et de la comptabilité. Nous n’aurons pas assez de jeunes qui sortent des écoles”, a prévenu Yannick Ollivier.

La profession a donc décidé de créer une filière à part entière, en complément de la filière classique, afin d’irriguer les cabinets dans tous les territoires. “Nous avons créé l’Ecole française de formation à l’audit. Si un jeune, qui termine son cursus avec un master - de développement durable, de cybersécurité, ou encore d’intelligence artificielle -, a envie de mettre son expertise au service de l’audit, c’est à nous de l’accueillir et de lui donner la possibilité d’acquérir les compétences de l’auditeur”, a ajouté Yannick Ollivier.

La CNCC a notamment noué, par ailleurs, un partenariat avec la plateforme de freelances Malt. Cela permettra aux professionnels de faire appel aux experts dont ils ont besoin, via un accès privilégié sur cette plateforme. Elle s’est aussi rapprochée d’autres professions réglementées, notamment des avocats, en nouant avec eux un partenariat. Ces derniers se sont montrés, selon Yannick Ollivier, particulièrement ouverts à de futures collaborations.

Les conséquences de la directive CSRD sur le H3C

Après Yannick Ollivier, c’est une autre personnalité de premier plan pour la profession, Eric Baudrier, directeur général du Haut conseil du commissariat aux comptes, qui a été invité à s’exprimer, notamment sur les conséquences de la directive CSRD sur le H3C. En effet, la mise en œuvre de cette directive en France conduira les entreprises, les vérificateurs, mais aussi le régulateur de référence à “comprendre et se conformer à ces nouvelles exigences et à adapter leurs processus pour y parvenir”.

Aussi, comme Eric Baudrier l’a expliqué, le H3C, qui devrait être l’autorité de régulation de ces vérificateurs, prépare activement ce nouvel environnement et devrait prochainement être rebaptisé “Haute autorité de l’audit” (H2A).

Dans ce souci d’agir “en avance de phase”, le collège du H3C a élaboré des lignes directrices à l’adresse des professionnels. Elles sont d’ores et déjà accessibles sur son site internet.

Il nous a semblé important que vous puissiez avoir déjà un certain nombre de lignes directrices, avant même que l’ensemble des textes soit parus et qu’une éventuelle norme européenne soit disponible”, a expliqué Eric Baudrier, précisant qu’elles allaient être complétées et améliorées dans les mois qui viennent.

Nous savons tous que le temps européen législatif est relativement long, ce qui fait que vous n’aurez pas de normes européennes au moment où vous commencerez à être nommé en qualité d’auditeur de durabilité”, a-t-il ajouté.

Sur le volet compétence, déjà abordé par Yannick Ollivier, Eric Baudrier a souligné que le H3C était déjà sur le pied de guerre, tant s’agissant de l’homologation des futures formations, que du cadre du visa durabilité (qui validera le suivi d’un parcours de formation). L’objectif est que “l’élément normatif ou de compétence puisse être mis en œuvre dès la publication de l’ordonnance”.

La continuité juridique entre le H3C et le H2A

A horizon six mois, trois enjeux seront à relever, selon Eric Baudrier. Il s’agira d’abord d’assurer une continuité juridique entre le H3C et le H2A, permettant notamment d’éviter la ré-homologation des conventions déjà signées entre le H3C et la CNCC.

Le deuxième enjeu sera de permettre aux CAC de s’inscrire en tant qu’auditeur de durabilité dès le 9 décembre. “Notre objectif est qu’en 2024, l’ensemble des dispositifs permettant l’inscription soient totalement opérationnels du côté du H3C, pour pouvoir publier, début 2024, les listes officielles qui vous permettront de prétendre à être nommés en qualité d’auditeur de durabilité”, a expliqué le directeur général. Cette inscription ne concerne pour l’heure que les personnes physiques.

Enfin, le H3C mène une réflexionquant à son propre financement, étant donné que ses champs de compétence vont augmenter. “Cela implique, en termes d’équité, que l’ensemble des professionnels qui prétendront à être auditeurs de durabilité soient traités de la même manière, qu’ils soient CAC ou non. Cela vaut tant en matière réglementaire qu’en termes de cotisation”, a détaillé Eric Baudrier. Le dispositif de contrôle devra également être aligné dans la même logique.

Karim Duval croque la jeune génération

Après l’assemblée statutaire, le comédien et humoriste Karim Duval, fort d’une centaine de représentations en France, a échangé avec Philippe Vincent sur les enjeux d’attractivité de la profession auprès de la jeune génération. Anciennement ingénieur et passé par un cursus élitiste, Karim Duval a fini par se prendre de passion pour le théâtre et se plaît aujourd’hui à croquer la génération Y à laquelle il appartient. “Karim Duval décrypte mieux que personne la vie quotidienne de cette génération dans son environnement professionnel”, a salué Philippe Vincent. “Nous avons la conviction que nous offrons un métier qui a du sens. Mais comment susciter davantage de vocations”, a-t-il demandé à l’humoriste. Pour ce centralien, les CAC devraient travailler à trouver ce qui les anime personnellement, pour mieux transmettre leur passion du métier aux jeunes.

Sur un autre sujet, celui de l’environnement (RSE), Karim Duval a estimé qu’il s’agissait “un peu de la dernière roue du carrosse” pour les entreprises. Les jeunes se retrouvent parfois dans une sorte de “dissonance cognitive”, constatant l’écart entre les efforts nécessaires à la préservation de l’environnement et ce qui est réellement fait par les entreprises. Finalement, pour Karim Duval, c’est la question de l’engagement concret qui se pose.

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