L’affaire avait secoué le microcosme feutré des antiquaires et des monuments historiques. Après huit ans d'enquête, la justice a renvoyé en procès l'expert de l'art Bill Pallot, sommité mondiale du mobilier français du XVIIIe siècle, pour la fabrication de faux meubles d'époque acquis par le château de Versailles entre 2008 et 2015, l'un des plus grands scandales de faux de ces dernières années.
Six personnes physiques et une galerie comparaîtront
D'après une ordonnance du juge d'instruction, dont l'AFP a eu connaissance de sources proches du dossier, six personnes physiques et une prestigieuse galerie d'antiquaires parisienne comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Pontoise.
À l'origine de ce dossier se trouve le "pari" de deux hommes enivrés par leur capacité à duper les plus grands spécialistes et acquéreurs de l'art français du XVIIIe. Au centre de l'affaire, le "Père La Chaise" à savoir Bill Pallot. À ses côtés, Bruno Desnoues, un ébéniste du Faubourg Saint-Antoine, quartier historique du travail du bois à Paris.
À partir de 2007-2008, le duo produit et vend une poignée de faux sièges présentés comme de rarissimesmeubles d'époque qui auraient orné lesalon de Madame du Barry, maîtresse de Louis XV, oule cabinet de la reine Marie-Antoinette. Une supercherie "grisante", de leur propre aveu, qui leur rapportera des centaines de milliers d'euros.
Un signalement de Tracfin en 2014
Acquises par desgaleries ayant pignon sur rue, les fausses antiquités ont ensuite été revendues par ces dernières à de prestigieux clients comme lechâteau de Versailles. A la suite d'un signalement deTracfin en 2014, les enquêteurs ont fini par mettre au jour cet incroyable trafic, particulièrement embarrassant pour la prestigieuse institution.
Contactés par l'AFP, le Domaine national - partie civile dans le dossier - et la défense de Bill Pallot n'ont pas souhaité faire de commentaire.