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Charles Rodwell : "Je lance un appel à contributions aux acteurs de la relance industrielle"

Charles Rodwell, député de la 1e circonscription des Yvelines, a été nommé, en juin dernier, parlementaire en mission sur l’attractivité et la souveraineté économiques de la France.

Économie Publié le , Propos recueillis par Quentin Clauzon

A moins d’un mois du rendu des conclusions de cette mission, il lance un appel à contributions aux acteurs de la relance industrielle. “Nous serons votre relais au Parlement et auprès des ministères, pour vous simplifier la vie et pour vous permettre de continuer à produire et à exporter partout dans le monde le savoir-faire français”, explique-t-il.

Pourquoi avez-vous été nommé, en juin dernier, parlementaire en mission ?

Charles Rodwell : J'ai été missionné par notre Première ministre Élisabeth Borne, en mission auprès du Gouvernement pour six mois sur l'attractivité et la souveraineté économique de la France. Cela fait cinq mois maintenant que je mène cette mission un peu partout en France, à la rencontre des élus, à la rencontre des maires, des présidents de région, à la rencontre des industriels, des chefs d'entreprises, de leurs salariés qui travaillent tous sur l'attractivité pour la réindustrialisation et pour la souveraineté économique de la France.

Je mène cette mission tout simplement parce que, depuis plusieurs années maintenant, la France réindustrialise. Réindustrialiser, c’est créer de la valeur, créer de l'emploi, de l'emploi bien rémunéré et de l'emploi de long terme dans nos régions françaises. Le problème auquel nous sommes confrontés, c'est que toutes les régions ne vont pas à la même vitesse. Il y a des régions qui ont réindustrialisé, qui ont commencé à redémarrer très fort et il y a des régions qui peinent encore à réimplanter des entreprises, à réimplanter de l'emploi dans leur commune, dans leurs villes, au service des populations.

Notre enjeu, c'est de permettre à chaque Français de retrouver le pouvoir de vivre par son travail, en recréant de l'emploi de long terme, de l'emploi industriel dans l'ensemble de nos régions françaises. C'est l'objet de cette mission.

Où en sont vos travaux ?

Nous en sommes à un peu moins d’un mois de la fin de cette mission. Je me suis déjà rendu dans 48 départements français, à la rencontre des élus, des industriels, et des associations qui travaillent sur cet enjeu de la relance industrielle et de l'attractivité française. C'est la raison pour laquelle je lance un appel, un appel à vous, chefs d'entreprises, un appel à vous salariés, un appel à vous, élus. Écrivez-nous, sollicitez-nous avec vos idées, avec vos projets, avec vos propositions pour continuer à renforcer l'attractivité de la France, l'aide à l'implantation d'entreprises dans notre pays, qui serviront et qui servent nos intérêts nationaux.

Quelles seront les suites données à cette mission ?

Quand un parlementaire est nommé en mission, il travaille sur une politique publique. En l’espèce, il s’agit de travailler sur les décisions que nous devons prendre – au Parlement et au Gouvernement - pour renforcer l'attractivité et la réindustrialisation de notre pays. Qu'allons-nous faire ? D'abord, rendre un rapport parlementaire début décembre sur ce sujet. Ensuite, nous allons nous atteler à préparer une proposition de loi sur ce sujet avec les ministères, les partenaires, les industriels, les élus locaux concernés et chacun de ceux qui souhaitent contribuer. D’où mon appel.

Pourquoi estimez-vous qu’attractivité et indépendance ne peuvent pas s'opposer ?

L'agression de l'Ukraine par la Russie et d’Israël par le Hamas nous montre une chose, c'est que nous vivons dans un monde en guerre. La guerre est aux portes de l'Europe. Dans ce contexte, les conflits que nous connaissons sont certes géopolitiques, certes diplomatiques, certes militaires, mais ils sont aussi économiques. Certaines puissances mondiales l'ont compris. La Chine l'a compris. Elle ferme ses marchés. Les Etats-Unis l'ont compris. Ils ont mis en œuvre ce qu'on appelle l'Inflation Reduction Act. Il est temps que la France et que l'Europe se mettent aussi à jour pour répondre à cet enjeu mondial. C'est la raison pour laquelle notre politique d'attractivité doit servir l'indépendance, la souveraineté économique de la France. Qu'est-ce que cela veut dire ? Que nous devons en priorité attirer sur notre sol les entreprises et les talents qui vont contribuer à notre intérêt national. Partons des besoins de nos industriels. Quels sont les produits critiques qui ne sont pas produits en France ? Quels sont les besoins humains, financiers, matériels nécessaires pour les attirer en France ? La politique d’attractivité française doit répondre à un enjeu de sécurité nationale, de souveraineté économique pour la France. C'est tout l'objet de l'objectif de cette mission.

© DR. - Charles Rodwell à la soirée des entrepreneurs en juin 2022 avec le président de la CCI des Yvelines, Guillaume Cairou.

Quelles sont les pistes à explorer ?

Cela fait des années que l’on m’explique que l'industrie en France, c'est foutu. Je pense tout l’inverse. Je suis absolument convaincu que la France sait faire, que la France sait produire, que la France sait exporter un savoir-faire absolument unique. Notre enjeu à nous, politiques, ce n'est pas de porter un discours décliniste, c'est au contraire d'accompagner notre industrie, d'accompagner nos entrepreneurs, d'accompagner nos ingénieurs à exporter notre savoir-faire dans le monde. L'enjeu numéro un qui nous est indiqué, c'est la sécurité juridique. Aujourd'hui, il y a beaucoup trop de normes, beaucoup trop de règles qui viennent pourrir le quotidien de nos élus et de nos industriels.

L'une des premières mesures que nous allons proposer, c'est un bouclier réglementaire. C'est la protection de nos industriels, c'est la protection de nos élus dans un cadre qui ne changera pas pour leur permettre de réindustrialiser dans notre pays.

Auriez-vous des exemples concrets tirés de vos déplacements ?

Je disais que la France sait produire, sait exporter. Elle sait produire et exporter de l’insuline pour exporter de l’insuline, avec Novo Nordisk à Chartres, en Eure-et-Loir. La France est la seule au monde à maîtriser la technologie de recyclage du combustible nucléaire, avec Orano La Hague dans le Cotentin. Elle sait aussi produire de la céramique, notamment dans des micropuces qui nous permettent tout simplement de retrouver nos capacités neurologiques avec une éthique française et européenne. Je pense à SCT, dans les Pyrénées Atlantiques. Elle sait également produire de la bioraffinerie à travers des microalgues, technologie unique au monde maîtrisée par Microphyt à Montpellier, dans l'Hérault. Elle sait produire de l'hydrogène décarboné, en témoigne le projet Genvia à Béziers, là encore dans le sud de la France. Elle sait produire les plus grands paquebots et surtout, elle sait décarboner. Elle a engagé une décarbonation sans précédent de la production et de la construction navale mondiale à travers les chantiers de l'Atlantique. Tout cela, la France sait le faire grâce aux centaines d'industriels que nous avons rencontrés depuis le 12 juin dernier. Donc sollicitez-nous. Nous serons votre relais au Parlement et auprès des ministères, pour vous simplifier la vie et pour vous permettre de continuer à produire et à exporter partout dans le monde le savoir-faire extraordinaire qui est le savoir-faire français.

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