AccueilÉconomieAlexis Izard : “Réindustrialiser notre pays en le verdissant"

Alexis Izard : “Réindustrialiser notre pays en le verdissant"

Député Renaissance de la troisième circonscription de l’Essonne, Alexis Izard explique le fond du projet de loi Industrie verte, qui est actuellement en débat à l’Assemblée nationale.

Économie Publié le ,

Co-responsable du texte sur l’Industrie Verte en Commission spéciale, Alexis Izard revient sur ce projet de loi qui porte sur la réindustrialisation, la décarbonation et la souveraineté de la France. Le député parle aussi de l’année écoulée dans l’Hémicycle et de sa circonscription, notamment du RER C.

Le projet de loi Industrie Verte est en débat à partir d’aujourd’hui à l'hémicycle. Comment a-t-il été construit ?

Alexis Izard : Il y a eu une méthodologie particulière pour l'étude de ce texte-là. D'abord avec des groupes de travail directement en lien avec Bercy et des acteurs privés qui ont permis d'écrire un texte cohérent et en lien réellement avec les besoins des territoires. Ensuite, nous avons eu la constitution d'une commission d'un comité de suivi au sein de la Commission des affaires économiques, dont je faisais partie. Je représentais la majorité, le parti Renaissance. Ensuite, il y a eu la constitution d'une commission spéciale, c'est-à-dire que des commissaires aux affaires économiques, des commissaires aux lois, des commissaires aux finances se sont réunis pour étudier ce texte majeur avec de grosses ambitions. Cette commission s'est tenue début juillet. On a eu plusieurs jours de débat, plus de 1 000 amendements qui ont été étudiés et certains de la majorité et de l'opposition qui ont été retenus. Dès aujourd'hui, nous allons débattre de ce projet de loi Industrie Verte à l’hémicycle.

Pouvez-vous nous présenter ce texte ? Quels sont ses grands axes ?

Ce texte est important pour notre industrie. Il comporte trois grands principes. D'abord, il prévoit d'essayer de planifier l'implantation de nos usines en France. Il ne faut pas construire n'importe comment. Ceci est d’ailleurs en lien avec l'ambition d'un texte qui a été porté à côté sur la zéro artificialisation nette. L'idée, c'est de réindustrialiser notre pays, mais de ne pas le faire n'importe comment. Donc planifier, essayer d'occuper les friches industrielles dont notre territoire regorge, plus de 170 000 hectares de friches industrielles en France, il faut les exploiter. Le deuxième, c'est de verdir notre commande publique. Quoi de mieux comme subvention que la commande publique de l'État pour aider nos entreprises ? L'idée est d'orienter cette commande publique dans nos industries françaises, de les aider à se développer de cette sorte-là. Et la troisième, c'est de financer la transition environnementale de nos usines, avec l'orientation de l'épargne, avec un plan avenir climat qui permettra aux parents de jeunes de 0 à 18 ans d'investir pour eux jusqu’à ce qu’ils puissent le débloquer, à 18 ans. Tout ça ira financer le verdissement de nos usines. C'est un texte équilibré qui permettra de continuer à réindustrialiser notre pays, et de le faire en le verdissant.

Comment voyez-vous cette semaine de débats à l’Assemblée nationale ?

Ce texte est nécessaire. Tous les acteurs qu'on a pu rencontrer nous l'ont dit, ce texte-là, ils l'attendaient et ils sont heureux de le voir venir. Et l'intégralité des groupes politiques s’en rend bien compte. Beaucoup d'amendements sont toutefois déposés sur différents thèmes. Aujourd'hui, on parle de planification sur notre territoire, et de réduire les délais d'implantation de nos usines. C'est un point important.

Quand une usine vient s'installer en Europe, forcément, elle regarde de quelle manière elle va pouvoir le faire. Or aujourd’hui, pour s'installer en France, il faut à peu près 18 mois, sans parler des recours. Si vous allez chez notre voisin allemand, il ne leur faut que neuf mois. Donc forcément, une entreprise qui vient s'installer en Europe va choisir là où ce sera le plus simple. Avec ce projet de loi, nous proposons ainsi de réduire ces délais. Mais on ne veut pas le faire n'importe comment. Il faut continuer à consulter le public, continuer à bien faire les enquêtes environnementales et c'est là-dessus que nous débattrons avec les différents groupes, pour trouver la meilleure manière de faire. Pour verdir notre commande publique, c'est un grand chantier qui est entrepris. Il faut qu'on le fasse du mieux possible. Beaucoup de propositions vont être faites et on prendra forcément les meilleures.

Une entreprise qui investit dans le climat, c'est une entreprise qui existera au long terme.

Ce texte sur l’Industrie verte, quand souhaitez-vous qu’il soit mis en place ?

Ce texte, finalement, n'est pas nouveau, c'est l'aboutissement d'une politique générale qui est menée. La réindustrialisation du pays, on l'a déjà commencée et on peut se féliciter d’être tout bonnement pour la quatrième année consécutive, le pays d'Europe dans lequel les investisseurs étrangers viennent le plus. Nous avons un solde de création d'usines positif cette année, ça n'était pas arrivé depuis très longtemps. Nous avions une décroissance industrielle, aujourd'hui, nous l’avons stoppée et en plus de ça, nous créons des usines. Donc, via les différents plans d'investissement, France Relance, France 2030, on a déjà commencé à réindustrialiser notre pays. Aujourd'hui, nous voulons donner les outils nécessaires et adéquats pour continuer à ce que cela se fasse, mais que ça se fasse dans les bonnes conditions parce qu’une entreprise qui investit dans le climat, c'est une entreprise qui existera au long terme. C'est ça qu'on veut accompagner.

© SIDF, Alexis Izard continue sa bataille pour le développement du schéma du RER C.

Comment les entreprises accueillent-elles ce projet de loi ?

Les entreprises sont ravies parce que la principale contrainte qu'elles voient, ce sont les difficultés administratives pour simplement faire leur métier, que ce soit pour s'installer, ou pour grandir. Lorsqu'elles voient leurs carnets de commande grossir, et c'est le cheminement naturel d'une entreprise, elles voient des contraintes et elles ont l'impression finalement que le pays n'a pas envie de les voir se développer, que, comme on l'a pensé longtemps, l'usine ne devait pas se faire en France. Aujourd'hui, c'est terminé. Elles sont très contentes de le voir. On a envie de produire en France, on a envie de voir venir ces usines-là, on a envie de voir des emplois industriels se créer. Et maintenant, on doit pousser également nos jeunes à aller dans ces industries-là, qui sont, je le rappelle, des emplois extrêmement compétents, des emplois très intéressants et des emplois qui sont bien payés.

L’hémicycle ferme le 23 juillet pour les vacances estivales. Quel bilan tirez-vous de cette année à l’Assemblée nationale ?

C'était une année passionnante, avec une assemblée constituée d’une majorité relative, et des groupes politiques éclatés. Et pour autant, on a réussi à passer une quarantaine de textes avec des accords qui ont été faits avec les différents groupes de droite comme de gauche. Donc, je crois que c'est une année de travail dont on peut être fier. Lorsque cette assemblée a été constituée, tous les commentateurs nous disaient que c'était intenable et qu'on n'allait pas pouvoir travailler ainsi. On leur a montré que c'était faux et qu'on a réussi à le faire. Maintenant, il faut qu'on continue à aller dans ce sens-là, qu'on continue à passer des textes d'ampleur parce que notre pays le mérite, notre pays en a besoin et il faut continuer à réformer.

À la rentrée, nous avons déjà des gros textes qui vont arriver, qui sont en préparation. Il y a le projet de loi Finance qui va forcément arriver à la fin de l'année, mais on a aussi le projet de loi Immigration et le projet de loi Plein emploi qui sont des textes très attendus par les Français.

- À propos de la rentrée de septembre 2023.

Le projet de loi "pour le plein emploi" a récemment été voté au Sénat. Avez-vous regardé les modifications apportées au texte ?

Il y a un certain nombre de dispositions qui peuvent aller un peu loin, même si l'ambition est là. Elle est de dire qu'il faut mieux accompagner les demandeurs d'emplois vers le travail, leur permettre de sortir de cette condition et leur donner toutes les clés nécessaires. Maintenant, ce qu'il faut, c'est qu'on permette cette émancipation sans contrainte dans le temps de recherche d'emploi. C'est là où il faut trouver le juste équilibre.


Dans votre circonscription en Essonne, comment jugez-vous cette année ?

C'était une année extrêmement riche sur la circonscription. J'ai été présent dans énormément d’événements et j'en suis ravi. Je continuerai à l'être pendant l'été d'ailleurs, et à la rentrée. Je suis très satisfait d'avoir pu rencontrer énormément de personnes qui ont enrichi mon travail parlementaire, qui ont enrichi également ma capacité de travail. C'était une année très riche. Je remercie l'intégralité des personnes que j'ai pu rencontrer parce que vous avez participé à toutes les réflexions que j'ai pu mener à l'Assemblée nationale. J'espère pour ceux que je n'ai pas encore pu rencontrer que cela sera corrigé rapidement et qu'on pourra se voir sur les années à venir.


En février, nous avions évoqué les transports en commune en Essonne. Y a-t-il eu une avancée sur ce sujet ?

Nous avons eu la venue du ministre des Transports Clément Beaune, qui a évidemment rencontré des habitants, des associations et qui est venu visiter les gares de la circonscription pour un constat simple, c'est qu’on a énormément de problèmes de transport sur la ligne C et on a des problèmes dans nos gares qui sont de plus en plus délaissées, avec des guichets fermés. Cela pose des problèmes pour les utilisateurs. Le ministre est revenu la semaine dernière en circonscription pour commémorer le 10ᵉ anniversaire de l'accident ferroviaire de Brétigny-sur-Orge. Nous avons à nouveau échangé sur ce sujet-là. Nous avons discuté du fait qu'il fallait continuer à investir, qu'il fallait continuer à s'occuper de la ligne C. On est en train de se battre sur le schéma de la ligne C. Il ne faut pas lâcher. C'est dans les mois qui viennent que les décisions seront prises, donc vous pouvez être certain qu'on est à fond sur ce sujet.

Sur l’investissement dans la ligne C, la présidente d’Île-de-France Mobilités Valérie Pécresse est-elle sur la même longueur d’onde ?

J'espère. L'intérêt est d'offrir un service le plus qualitatif pour les utilisateurs du RER sans contraindre financièrement les utilisateurs. Parce qu'on peut voir aujourd'hui des propositions qui pourraient mettre à la charge de l'utilisateur l'augmentation des services. Moi, je ne crois pas que ce soit une bonne solution. Ce n'est pas à l'utilisateur de toujours payer plus. Maintenant, il faut entretenir ce réseau et il faut offrir des dessertes.

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